Les enfants sont des
tyrans avait choisi de titrer il ya quelques mois un grand hebdomadaire
français sur sa couverture. Et d’expliquer que ça suffit les enfants-rois qui
terrorisent leurs parents et la société tout entière, le tout avec la caution
des psys de service qui viennent abonder dans ce sens (dans la masse, on trouve
toujours des spécialistes qui sont d’accord avec vous…).
Sûr que cette «une» était
«vendeuse».
Dans le même numéro de ce
magazine qui s’honorait il y a quelques années d’un sérieux journalistique, on
trouve une petite contribution d’un expert, relégué dans le courrier des
lecteurs qui rappelle «l’inexplicable déni» de la violence faite aux enfants.
Dans une vision humaniste
(et journalistique, au sens le plus honorable du terme), c’est, bien entendu la
violence faite aux enfants qui aurait mérité la couverture…
Non pas forcément que le problème
de l’existence réelle d’un enfant-roi ne doive pas être discuté. Mais celui-ci
fait partie d’un tout autrement plus global et dérangeant pour nos sociétés
actuelles de l’individu-roi (qui, lui, mériterait également la couverture et
une enquête nettement plus approfondie que celle de l’hebdomadaire en question
sur les «sales gosses»).
Car l’évidence est bien
que, s’il existe une déification de l’enfant dans la société, elle vient avant
tout de ses parents qui, pour se valoriser eux-mêmes, font de leur progéniture,
non pas la septième, mais la première merveille du monde.
Une vision qui tourne
parfois au drame comme, exemple parmi tant d’autres malheureusement, pour Céline
Raphaël dont le père a voulu en faire à tout prix, jusqu’à la violence, le
nouveau génie du piano (et qu’elle raconte dans un live, «La Démesure», paru
aux Editions Max Milo).
Ainsi, l’enfant-roi n’est
en réalité souvent qu’un enfant-objet pour ses parents, un prolongement de
leurs revendications et de leurs ambitions narcissiques.
Reconnaître à l’enfant
qu’il est un sujet, qu’il est évidemment une personne - ce qui semble gêner les
journalistes qui ont écrit cette enquête -, n’est pas en faire un roi mais un
être humain à part entière, ce qui lui a été dénié par la société pendant
longtemps sans aucune raison valable.
Ce qui ne signifie pas que
l’on ne doive pas prendre soin de l’enfant, de le protéger, de lui transmettre
le savoir et les règles du respect d’autrui, essentielles pour lui et la
communauté à laquelle il appartient.
Se tromper encore une fois
de combat quand on parle des enfants n’est pas anodin, malheureusement.
Leur faire porter la faute
des adultes a toujours été une lâcheté que ces derniers ont usé et utilisé au
cours des siècles.
Heureusement qu’il y a eu
des Janusz Korczak, des François Dolto et autres Benjamin Spock pour sortir de cette
hypocrisie.
Ensuite, ce que les
adultes et la société ont fait de leurs travaux en les dénaturant le plus
souvent, ce n’est évidemment pas la faute des enfants, messieurs et mesdames
les «grandes personnes»!
Quant à nous, nous préférons
nous en remettre à une citation d’une personne que ce magazine affirme être une
de ses références intellectuelles et morales: «Ce n’est pas souffrance de
l’enfant qui est révoltante en elle-même, mais que le fait que cette souffrance
ne soit pas justifiée».
Oui, vous avez raison Albert Camus et tant que
cette souffrance - que rien ne peut légitimer - existera (il suffit de lire les
statistiques en France et dans le monde), c’est sur la
lutte contre cette barbarie inacceptable que le combat doit être
prioritaire au nom d’une vision humaniste de notre monde.
Touche Pas Aux Enfants – TOPA[E]!
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