«J’ai des droits. J’ai le droit à l’éducation, j’ai le droit de jouer, j’ai le droit de chanter, j’ai le droit de parler, j’ai le droit d’aller au marché, j’ai le droit de m’exprimer.»

Malala Yousufzai

vendredi 17 janvier 2014

Enfants maltraités contre enfants-rois: choisir son combat

Les enfants sont des tyrans avait choisi de titrer il ya quelques mois un grand hebdomadaire français sur sa couverture. Et d’expliquer que ça suffit les enfants-rois qui terrorisent leurs parents et la société tout entière, le tout avec la caution des psys de service qui viennent abonder dans ce sens (dans la masse, on trouve toujours des spécialistes qui sont d’accord avec vous…).
Sûr que cette «une» était «vendeuse».
Dans le même numéro de ce magazine qui s’honorait il y a quelques années d’un sérieux journalistique, on trouve une petite contribution d’un expert, relégué dans le courrier des lecteurs qui rappelle «l’inexplicable déni» de la violence faite aux enfants.
Dans une vision humaniste (et journalistique, au sens le plus honorable du terme), c’est, bien entendu la violence faite aux enfants qui aurait mérité la couverture…
Non pas forcément que le problème de l’existence réelle d’un enfant-roi ne doive pas être discuté. Mais celui-ci fait partie d’un tout autrement plus global et dérangeant pour nos sociétés actuelles de l’individu-roi (qui, lui, mériterait également la couverture et une enquête nettement plus approfondie que celle de l’hebdomadaire en question sur les «sales gosses»).
Car l’évidence est bien que, s’il existe une déification de l’enfant dans la société, elle vient avant tout de ses parents qui, pour se valoriser eux-mêmes, font de leur progéniture, non pas la septième, mais la première merveille du monde.
Une vision qui tourne parfois au drame comme, exemple parmi tant d’autres malheureusement, pour Céline Raphaël dont le père a voulu en faire à tout prix, jusqu’à la violence, le nouveau génie du piano (et qu’elle raconte dans un live, «La Démesure», paru aux Editions Max Milo).
Ainsi, l’enfant-roi n’est en réalité souvent qu’un enfant-objet pour ses parents, un prolongement de leurs revendications et de leurs ambitions narcissiques.
Reconnaître à l’enfant qu’il est un sujet, qu’il est évidemment une personne - ce qui semble gêner les journalistes qui ont écrit cette enquête -, n’est pas en faire un roi mais un être humain à part entière, ce qui lui a été dénié par la société pendant longtemps sans aucune raison valable.
Ce qui ne signifie pas que l’on ne doive pas prendre soin de l’enfant, de le protéger, de lui transmettre le savoir et les règles du respect d’autrui, essentielles pour lui et la communauté à laquelle il appartient.
Se tromper encore une fois de combat quand on parle des enfants n’est pas anodin, malheureusement.
Leur faire porter la faute des adultes a toujours été une lâcheté que ces derniers ont usé et utilisé au cours des siècles.
Heureusement qu’il y a eu des Janusz Korczak, des François Dolto et autres Benjamin Spock pour sortir de cette hypocrisie.
Ensuite, ce que les adultes et la société ont fait de leurs travaux en les dénaturant le plus souvent, ce n’est évidemment pas la faute des enfants, messieurs et mesdames les «grandes personnes»!
Quant à nous, nous préférons nous en remettre à une citation d’une personne que ce magazine affirme être une de ses références intellectuelles et morales: «Ce n’est pas souffrance de l’enfant qui est révoltante en elle-même, mais que le fait que cette souffrance ne soit pas justifiée».
Oui, vous avez raison Albert Camus et tant que cette souffrance - que rien ne peut légitimer - existera (il suffit de lire les statistiques en France et dans le monde), c’est sur la lutte contre cette barbarie inacceptable que le combat doit être prioritaire au nom d’une vision humaniste de notre monde.


Touche Pas Aux Enfants – TOPA[E]!