Question:
dans quel type de société un être humain est une marchandise que l’on
peut acquérir et échanger, vendre et acheter, lui déniant la qualité de
sujet pour en faire un simple objet?
Il n’y en a qu’une: la société esclavagiste.
Question:
dans quel type de société les droits à posséder un être humain sont mis
sur le même plan que les droits de l’être humain?
Il n’y en a qu’une: la société esclavagiste.
Dans
le monde, la traite ou «trafic» d’être humains, une pratique encore
largement pratiquée, en particulier d’enfants, est interdite et tombe
sous le coup de la loi.
Dans
une démocratie républicaine, l’individu paré de son statut de personne,
ne peut être l’objet de droits appartenant à quelqu’un d’autre mais
uniquement être un sujet ayant des droits, les siens.
De ce point de vue, rappelons que personne ne peut posséder un enfant, même pas ses parents.
Oui,
l’enfant jusqu’à sa majorité est sous la tutelle de ses parents mais
c’est uniquement pour son bien et non pour un quelconque intérêt ou
profit de son père et de sa mère.
C’est
même pour ça qu’un enfant qui gagne de l’argent d’une manière ou d’une
autre doit recevoir ses revenus sur un compte bloqué qui ne pourra être
utilisé que par lui-même lors de sa majorité.
Aujourd’hui,
dans une société où chacun veut, non seulement, ses droits, mais
pouvoir les étendre jusqu’à dénier ceux des autres et, demain, dans une
société où les technologies pourront encore plus défier le statut de
l’humain et le modeler (comme c’est le rêve déviant d’un transhumanisme
avec, entre autres, des bébés «synthétiques» qui n’auront plus besoin
d’un homme et d’une femme pour être conçus), l’enfant n’est plus qu’un
(cher) objet à posséder.
On
est, dès lors, prêt à mettre le prix pour l’acquérir quand il n’est pas
possible de l’avoir par voie naturelle, la conception par un homme et
une femme.
Il
en est ainsi souvent de l’adoption d’autant plus quand l’enfant vient
d’un pays étranger (où les frais divers sont élevés, sans parler de
l’achat de l’enfant déguisé en rétribution de la famille et des
intermédiaires), des techniques d’insémination dans le cas de la PMA
(procréation médicalement assistée), sans parler de la rémunération
d’une mère porteuse et des filières en cas de GPA (gestation pour
autrui).
On
comprend bien que tout cela a peu à voir avec le bien-être de l’enfant à
venir et de ses droits mais concerne uniquement le désir d’adultes et
un secteur économique où l’enfant est bien une marchandise qui se
monnaye.
J’entends déjà ceux qui crient à l’escroquerie.
La
traite d’enfants et leur esclavage concerne leur vente pour un travail
forcé, une exploitation sexuelle ou l’enrôlement en tant que soldat.
Mais
est-ce que ce droit à l’enfant dérivé du désir d’avoir un enfant par
une voie non-naturelle et financière n’est-elle pas assimilable?
Pour les défenseurs des droits de l’enfant, elle l’est in fine même si, évidemment, elle n’est pas identique.
Afin
d’éviter cette représentation juste de cette problématique, les
défenseurs du droit à l’enfant ont déplacé le débat en le portant sur
l’affect (l’envie «naturelle» d’être parent) et sur l’égalité entre les
humains à posséder ce «droit à» (il s’agit en fait d’une nouvelle dérive
égalitariste).
En
noyant la réalité crue que l’enfant n’est ici que l’objet d’une
relation commerciale et financière qui ne profite qu’à une partie,
l’acheteur et/ou le payeur (que cet achat ou ce paiement soit direct ou
indirect), ils veulent éviter les réactions négatives de la population
qu’ils veulent attendrir par les sentiments en parlant du désespoir et
de la souffrance (réelles) de ceux qui désirent un enfant et ne peuvent
en avoir par la voie naturelle.
De
même, ils tentent par tous les moyens de présenter ceux qui sont contre
comme des affreux réactionnaires, des partisans d’un monde ancien et
dépassé, des obscurantistes, des homophobes viscéraux, etc.
Malheureusement,
tous ceux que l’on vient de nommer se trouvent effectivement contre
l’adoption par un couple de même sexe, la PMA et la GPA.
Mais
ils ne le sont jamais parce qu’ils défendent le bien-être de l’enfant
et souvent ils se battent même contre les droits de l’enfant pour
promouvoir l’autorité parentale sans borne avec l’aide de
pédopsychiatres réactionnaires et rétrogrades.
Leur
seule motivation est l’idéologie, une vision culturelle selon eux
«traditionnelle» de la société et de la famille, en réalité
réactionnaire et rétrograde, qui nuit fortement à la cause des enfants
qui est la seule défendue ici.
Ici,
encore, la seule voie défendable est l’adoption si elle est réalisée
dans un cadre non-commercial ainsi que non-financier et qu’elle réponde
aux seuls critères du bien-être de l’enfant (c’est pourquoi, en
l’absence actuelle de preuves que cela n’affecte pas ce dernier,
l’adoption par un couple de même sexe devrait encore être interdite
aujourd’hui jusqu’à preuve du contraire, ce qui n’est plus le cas dans
notre pays et dans d’autres où, alors même qu’aucune enquête n’a pu
conclure à l’innocuité pour tous les enfants concernés par de cette
adoption, elle a été autorisée).
Ce
qu’il y a de particulièrement dérangeant et de tristement fascinant,
c’est, dans ce débat essentiel, l’absence de l’enfant en tant que sujet
parmi les défenseurs de l’adoption et la PMA pour tous, sans parler de
ceux qui défendent la GPA.
La
Gauche a inventé le «principe de précaution» adoubé par une partie de
la Droite (c’est un président de droite, Jacques Chirac, qui l’a inscrit
dans la Constitution) et du Centre afin d’éviter des risques possibles
pour les individus.
Mais,
si on ne l’utilise pas dans ce qui est le plus cher à l’Humanité et le
plus fragile dans notre condition humaine, l’enfant et l’enfance, alors
on joue aux hypocrites, aux apprenti-sorciers et on fait fi de toutes
les valeurs humanistes que l’on prétend vouloir porter haut et fort.
Ce
combat n’est pas réactionnaire et ne se confond pas avec les diatribes
des extrémistes qui veulent une société normalisée et fermée.
Il est celui de l’Humanisme le plus ouvert, celui qui met au premier rang l’enfant et seulement lui.
Dans
une société humaniste et progressiste fière de ses valeurs, ce ne sont
pas les droits à l’enfant qu’il convient de développer mais bien ceux
des droits de l’enfant qui sont les seuls légitimes en l’espèce.
Je sais que je navigue, avec d’autres humanistes, à contre-courant.
Mais je sais aussi que ce qui m’anime, avec ces autres, est uniquement le respect et la dignité de l’enfant.
Et, pour moi, c’est un engagement progressiste dans la modernité, une entreprise humaniste au plus haut degré.
Ce
n’est certainement pas un combat d’arrière-garde mais bien
d’avant-garde comme celui mené en son temps par Janus Korczak ou celui
de Françoise Dolto et de quelques autres qui ne pensaient qu’à une
chose: le bien de l’enfant.
Un
dernier mot: que ceux qui parlent constamment du «droit à l’enfant»
tentent de se mettre, un moment, dans la peau de ceux qui pensent au
«droit de l’enfant».
Si
cela ne leur est pas possible, qu’ils pensent aux droits de l’humain et
qu’ils se demandent si, eux, ils souhaiteraient être l’objet, sans leur
consentement, d’une marchandisation pour assouvir le désir des autres.
Je
suis pour les droits de chacun, les droits de tous; je suis pour les
droits de chaque communauté, les droits de toutes les communautés.
Mais
il y a une chose que ces droits ne peuvent mettre en péril, il s’agit
des droits de l’humain (ce que l’on continue à appeler communément les
«droits de l’homme), et plus particulièrement, parce que c’est
essentiel, parce que cela dit de nous ce que nous sommes vraiment, les
droits de l’enfant.
Il
faut bien comprendre que les droits de certains ne peuvent mettre en
cause les droits fondamentaux des autres, pour quelque raison que ce
soit.
Et
les droits à l’enfant quels que soient leurs motifs affectifs, ne
peuvent jamais primer sur les droits fondamentaux de l’enfant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire